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Interview pour le Club  en 2000 

Romancière fétiche du Club (dont elle est membre à titre personnel depuis près de vingt ans), Juliette Benzoni est l’auteur français le plus traduit dans le monde. Digne héritière d’Alexandre Dumas qu’elle surpasse par la rigueur et l’exactitude de ses sources, la reine Juliette a hissé au pinacle des lettres le genre naguère décrié du ” roman historique “.

A l’occasion de la parution de Reines tragiques, le Club a rencontré cet immense écrivain.

Le Club : Votre nouveau roman est éclaté en dix-huit biographies de reines qui ont fait l’histoire. Avez-vous décidé de rompre avec les sagas qui ont fait votre succès ?
Juliette Benzoni : Bien sûr que non. Il ne s’agit d’ailleurs pas véritablement d’un roman mais d’une sorte de récréation. Avec Reines tragiques, j’ai voulu raconter dix huit destins de femmes qui par leur beauté tragique ont marqué le sort du monde. De la Chine à l’Egypte en passant par Byzance, Aliénor d’Aquitaine ou Caroline Mathilde de Danemark, j’ai essayé de montrer comment le pouvoir et les femmes ont longtemps fait mauvais ménage.
Le Club : Vos héroïnes ont souvent une dimension tragique, liée à l’époque, au décor que vous choisissez. Ainsi dans la Florentine qui est à ce jour votre plus grand succès au Club, vous nous plongez dans la Renaissance italienne. C’est une de vos époques de prédilection ?
Juliette Benzoni : La Florence du Quattrocento me fascine depuis très longtemps. Avant même de commencer à publier, je rêvais de lui consacrer un roman. J’avais donc déjà rassemblé beaucoup de documentation. Le déclic s’est produit quand j’ai décidé de me baser sur une histoire authentique survenue dans le Cotentin un siècle plus tard, sous Henri IV.
Le Club : Il faut du souffle pour s’engager dans une série de quatre volumes. Vous avez commencé par écrire un plan ?
Juliette Benzoni : Quand je démarre une nouvelle série, je sais où je vais, mais j’ignore encore par quel chemin j’y arriverai. Pour la Florentine, il y avait les Médicis, les papes à la fois indignes et très artistes, les rois de France. Et le pays natal de Fiora : la Bourgogne, une région que j’aime beaucoup et dans laquelle j’ai vécu dix ans.
Le Club : Fiora connaît de multiples expériences sexuelles, sans renoncer pour autant à l’amour romantique ?
Juliette Benzoni :C’est vrai, elle vit une histoire d’amour avec un grand A. Et puis, les choses étant ce qu’elles sont, il lui arrive de se laisser aller… Tenez, je vais tout vous avouer ! Je choisis mes héroïnes dans une époque donnée, mais je les fais réagir comme des femmes modernes pour que mes lectrices puissent se retrouver en elles.
Le Club : Ainsi, la très jeune marquise de Pontalec qui est l’héroïne du premier tome de votre nouvelle trilogie, Un homme pour le roi. Comme toujours dans vos romans, l’histoire s’y marie avec la fiction. Comment travaillez-vous ? En établissant une grille d’événements véridiques, puis en remplissant les vides avec votre imagination ?
Juliette Benzoni  : Oh non, pas du tout ! Je démarre et je continue sans m’aider d’aucun plan. Je trouve les chemins au jour le jour. Mais pour écrire ce roman, il est vrai que je disposais d’un fil conducteur en la personne du baron de Batz, un conspirateur parfaitement authentique qui a tenté de sauver Louis XVI, puis Marie-Antoinette, puis Louis XVII, puis sa soeur Madame Royale.
Le Club : On a l’impression que vous vous identifiez avec ce soldat de l’ombre dévoué corps et âme à son roi ?
Juliette Benzoni  : Si vous essayez de me faire dire que je suis royaliste, c’est tout à fait exact ! Mais je suis une royaliste de regret, un peu comme de Gaulle. Tout en éprouvant de la nostalgie pour la monarchie, je sais bien que ce n’est plus possible.
Le Club : Pourtant, vous décrivez sans complaisance la lutte fratricide qui opposait les partisans de Louis XVI à ceux du futur Louis XVIII.
Juliette Benzoni  :Eh oui ! c’était la guerre des agents secrets. Avant de devenir un bon roi, le comte de Provence avait été un très mauvais frère. A deux reprises, il avait tenté de faire assassiner Louis XVI. Au fond, un homme comme le baron de Batz se sentait plus proche des jeunes gens enthousiastes qui partaient défendre leur patrie à Valmy que des traîtres qui pullulaient dans son propre camp
Le Club: Mais d’où vous vient ce goût des complots ?
Juliette Benzoni  : Je plaide coupable ! J’ai toujours eu une passion pour les énigmes historiques et pour les joyaux célèbres, comme la Toison d’Or qui occupe une grande place dans mon roman. Pourquoi ? Je ne sais pas… Peut-être parce que je suis Scorpion !

Dans L’Echo d’Aujourd’hui en 2001 à propos de « La perle de l’empereur« , 2ème suite des aventures d’Aldo Morosini

Aventures et tragédies dans l’Europe tourmentée des années 20, le cocktail est irrésistible

Dans Le Figaro en 2001, article de Sébastien Le Fol et Anthony Palou

Les secrets des auteurs prolifiques

On ne peut pas reprocher à un écrivain de trop écrire. C’est idiot car c’est son métier. Ce serait comme reprocher à un boucher de couper  trop de faux-filets dans sa journée. Si la viande est de bonne qualité, peu importe le débit. D’autre part a-ton déjà reproché à Mozart d’avoir  trop composé ou à Picasso trop peint ? Non. Il semble très loin le temps où nos écrivains publiaient quatre, cinq, six livres par an. Victor Hugo,  Balzac, Alexandre Dumas ou plus près de nous Georges Simenon qui publia sous son nom ou sous divers pseudonymes quelque 512 romans. 

Aujourd’hui, on s’inquiète dès qu’un auteur sort plus d’un livre par an. L’époque est au minuscule. Le rare est signe de qualité.

C’était vrai pour  Lautréamont ou pour Baudelaire. Lorsqu’on regarde, par exemple, la page « du même auteur» de l’académicien Henri Troyat, on reste bluffé  devant une telle production. Pas moins de quatre-vingt-dix livres. Une moyenne de deux par an. On se dit que ce n’est pas beaucoup, deux par  an. Que c’est faisable. Il faut aimer raconter des histoires, ne pas limiter son imagination, laisser le robinet de son inspiration ouvert tout en  évitant les débordements. « Ce sont les sujets qui me sollicitent», répond Troyat quand on lui demande pourquoi il écrit autant. Et les  sujets peuvent venir d’une conversation avec un ami, de la lecture d’un fait divers. C’est simple. Il suffit d’une tasse de café, de se lever de bonne heure (7 heures pour Henri Troyat, 6 heures pour Juliette Benzoni, 6 h 30 pour Madeleine Chapsal). Généralement,ces auteurs prolifiques ne font pas de plan, écrivent d’une traite leur livre, comme un flux sanguin ou nerveux. Le recordman du réveil s’appelle Max Gallo.  Dès 4 heures du matin, place du Panthéon, cet homme est déjà au travail. Depuis 1964, l’écrivain a publié environ 70 livres. Cette année, entre novembre 2000 et mai 2001, il aura publié quatre tomes de sa saga, Les Patriotes (Fayard). (…) Suivant le fameux adage « l’avenir  appartient à ceux qui se lèvent tôt », ces graphomanes quelque peu insomniaques aiment se lever avec le chant du coq.

Chaque matin, dans sa maison de Saint-Mandé, dans le Val-de-Marne, Juliette Benzoni, la chouanne du roman historique, se met aussi à son  bureau. Deux ou trois tasses de café pour deux ou trois heures d’écriture. Pas plus. Quatre-vingt-dix à cent pages par mois. Comme Max Gallo, elle écrit un livre du début à la fin puis le reprend. Un livre lui demande environ sept mois pour six cents pages en moyenne :  «Je me donne un mois pour ne rien faire puis quinze jours pour relire mes épreuves, raconte-t-elle. J’écris beaucoup parce que je vieillis. J’ai des tas  d’histoires à raconter, j’en ai six ou sept dans mes tiroirs. Quelques cigarettes me sont nécessaires, et aussi des cigarillos qui sont commodes car on n’avale pas la fumée. En général, je prends des notes puis je tape directement sur ma machine à cristaux liquides. Ensuite je donne le manuscrit à ma fille qui le retape sur son ordinateur et donne une disquette à mon éditeur. L’ordinateur pour moi est un ennemi. La  première fois que j’en ai allumé un, j’ai vu apparaître sur l’écran « going to sleep », alors vous comprenez… »  (…)

Dès lors, comment réagit la critique littéraire, qui croule déjà sous le poids de la production romanesque croissante ? Elle grince. Dans les  rédactions, il n’est pas rare d’entendre ce genre de remarque : « Tiens, encore un livre de machin ! » ou « Encore lui ! » Du coup, on préfère  oublier. On fait un grand article sur le premier volume de la nouvelle saga d’untel, et ensuite on s’abstient. Si l’auteur jouit d’une notoriété certaine, le public attend la suite. C’est le cas de la plupart de ces boulimiques de la plume. Les livres de Gallo, Chapsal et Benzoni n’attendent rien des critiques littéraires. Ils ont leur vitesse de croisière. Tel est l’étrange paradoxe de ces best-sellers : moins il y a de lecteurs, plus  ils publient, plus ils vendent.

Article dans « Le Figaro » en 2002 d‘Olivier Delcroix, Nicolas d’Orves, Sébastien Lapaque et Sébastien Le Fol

Ces best-sellers aux visages inconnus 

Tout le monde a un jour ou l’autre entendu parler de Christian Jacq, John Grisham, Stephen King, Mary Higgins Clark ou Michael Crichton. Incontestablement, ce sont les auteurs les plus lus dans le monde. Dans l’ombre de ces vedettes médiatiques, évoluent des romanciers quasi  inconnus, qui n’en demeurent pas moins des bestsellers. On ne les voit jamais sur les plateaux de télévision et ils ont rarement les honneurs  de la critique. Pourtant, le grand public continue à les plébisciter. Sans tambour ni trompette. Qui sont ces auteurs aussi prolifiques que  populaires ? Comment ont-ils assis leur succès et leur notoriété ? La plupart d’entre eux s’inscrivent dans la tradition du roman populaire  français. Ce sont les héritiers des feuilletonistes du XIXe siècle. Ainsi Pierre Naudin, qui poursuit depuis 1978 une fresque monumentale sur  la guerre de Cent Ans. Mais aussi Juliette Benzoni, la chouanne du roman historique. Il n’est pas anodin que celle-ci ait fait ses premières  armes dans la presse populaire. De même que Jean Diwo, le spécialiste de nos petits métiers disparus. D’autres sont des « auteurs de genre  ». G.-J. Arnaud, le plus prolixe d’entre eux, fait le bonheur des lecteurs de littérature policière. Quant à Serge Brussolo, il s’épanouit surtout dans le fantastique et, depuis peu, dans la littérature jeunesse. Leurs lecteurs les ont souvent découverts dans les catalogues des clubs de  livres comme France Loisirs ou Le Grand Livre du mois. Le pouvoir prescripteur de ces deux institutions est très important. Pour mesurer  leur audience, il suffit de se référer à leur nombre d’adhérents. Celui de France Loisirs, par exemple, atteint les quatre millions. Une autre  particularité de ces auteurs est leur assiduité dans les salons du livre organisés tout au long de l’année en province. Car leur succès doit  beaucoup aux lecteurs de cette « France d’en bas », dont on parle tant en ce moment. Aux femmes également. Elles constituent le plus  important bataillon des lecteurs de romans. Le succès d’une Janine Boissard, dont les livres abordent les questions de la famille et du couple, en atteste. De Janine Boissard à Jean Diwo, on le voit, ces auteurs ont des univers très divers, voire totalement étrangers. C’est la preuve  qu’il n’existe aucune recette pour séduire le public. Il faut donc aller chercher leur secret dans leur parcours et dans leur écriture. Portraits de ces soldats inconnus du best-seller. (…)

Dans « Le Magazine Littéraire« , ce que Juliette avait à dire à propos d’Alexandre Dumas, en 2002 

Dans Le Parisien en 2003, article de Pierre Vavasseur

Juliette Benzoni, quelle passion !

Elle est la reine du roman historique, un genre dont les Français raffolent. À 83 ans, Juliette Benzoni publie «Olivier ou les Trésors templiers», dernier tome de sa trilogie sur les templiers. Nous l'avons rencontrée chez elle, volubile et heureuse. 

«SECOUEZ la porte ! » Cet après-midi-là, à Saint-Mandé (Val-de-Marne), on a beau secouer la petite porte en fer du jardin de la maison de Juliette Benzoni, elle ne s’ouvre pas. « Secouez, secouez ! » Elle s’ouvre enfin d’un coup d’épaule. La petite dame hilare, au bout de l’allée, c’est Juliette. Oliver, son golden retriever, a l’air de s’amuser autant qu’elle. « Entrez, installez-vous, poussez les coussins,vous voulez du café ? Des petits gâteaux ? Un schnaps ? »

A 83 ans, la romancière de l’histoire la plus lue dans le monde – une soixantaine d’ouvrages, trois cents millions d’exemplaires vendus ! -, qui publie « Olivier ou les Trésors templiers », dernier tome de sa trilogie « les Chevaliers », tient une forme à tout casser. Sa maison est claire et cossue. Dans le salon, il y a un portrait dessiné de De Gaulle, des livres bien rangés, une méridienne (ce canapé où s’alanguit Mme Récamier dans le portrait de David) mais aussi un large poste de télévision à écran plat. Juliette a de la reconnaissance pour la télévision. Elle n’a pas oublié « La caméra explore le temps » ou « les Rendez-vous de l’histoire ». Et tandis qu’elle vous tend un monceau de macarons, elle s’enflamme pour Alain Decaux. « Ça a été une révélation ! Avec rien, ce bonhomme assis derrière une table, une caméra braquée sur lui, vous tenait en haleine une heure et demie ! » Elle, elle ne saurait pas faire. « La première fois que j’ai donné une conférence, c’était à Montluçon, à l’issue d’un dîner du Rotary. Pile en face de moi, il y avait une dame qui dormait. » A l’école, elle était nulle en dates. « J’en connaissais trois : 1415, Azincourt ; 1515, Marignan ; 1815, Waterloo. Les dates, ça relève de l’arithmétique et l’arithmétique, c’est mon point faible. » En revanche, elle n’a jamais oublié ses 9 ans. « J’étais en neuvième à Fénelon. Je suis tombée sur une gravure de Jeanne d’Arc sur le bûcher. Le choc ! J’ai voulu en savoir plus et c’est parti comme ça. Quand mon père a vu que ça m’intéressait tellement, il m’a dit : Lis donc ça. C’était les Trois Mousquetaires . J’ai dévoré. Après, tout y est passé. ». (Venez lire mon anecdote sur Jeanne d’Arc ICI )

« Olivier ou les Trésors templiers » clôt un sujet qui la passionne entre tous. « On dit toujours le trésor. C’est une hérésie ! Il y a autant de trésors que de commanderies. Et des commanderies, il y en avait deux mille et des poussières en France ! » La voilà dans sa bulle à remonter le temps. Elle évoque Philippe le Bel, la maréchaussée lancée sur les traces des templiers, entre dans les détails, ouvre à haute voix de nouvelles pistes. Et repasse les macarons. Quand écrit-elle ? « Tous les jours que Dieu fait, dimanches et jours de fête compris. Je me lève à 6 h 30, je me promène avenue Daumesnil avec mon chien. A 7 h 45, je monte et je travaille. » Ses prochains livres sont déjà en route. « Les Joyaux de la sorcière » évoqueront la belle-mère de Marie de Médicis. « Ensuite, je retournerai chez Louis XIII pour un bouquin qui s’appellera Marie des intrigues : c’est la duchesse de Chevreuse. »

De quoi faire un jour un grand film ? Elle éclate de rire. « J’ai eu une expérience au cinéma ! Mon histoire se passait en 1413 à Paris, pendant une révolution de l’université. Le metteur en scène l’avait transposée en 1968. La première scène se passait dans des étuves avec un tas de jolies filles toutes nues ! Mon éditeur suédois ne voulait plus quitter le plateau et moi je pleurais comme une fontaine. Non, non, le cinéma, c’est comme les conférences, ça n’est pas pour moi ! » Elle vous accompagne au portail, l’ouvre sans difficulté. « De ce côté-là, c’est plus simple. » Elle rit encore. Juliette Benzoni est un auteur heureux.

Dans Le Figaro en 2003,  article de Jacques de Saint-Victor

Dans Le Figaro Littéraire en 2004, Juliette choisissait 3 livres pour les lecteurs du magazine dans sa librairie préférée de Saint-Mandé

Revue de presse pour la saga des « Marie »
en 2004 et 2005

  • Marie des Passions
    Dans La Montagne par Robert Guinot : Juliette Benzoni Juliette Benzoni revisite l’Histoire avec passion et sens du romanesque.

  • Marie des Intrigues
    Dans La Montagne par Robert Guinot : Juliette Benzoni campe avec vivacité une époque regorgeant d’intrigues. Une véritable qualité romanesque confortée par la richesse documentaire.
    Dans Le Figaro Littéraire par Mohammed Aïssaoui : Amour, pouvoir et trahison … Les ingrédients qui ont fait le succès de Juliette Benzoni sont plus que jamais dans son dernier roman Marie des intrigues.

Dans Le Figaro en 2005, article de Mohammed Aïssaoui

Ces dates qui ont fait la France
ENQUETE :  Un livre réhabilite la chronologie dans l’histoire.
                              Des écrivains racontent les faits qui les ont marqués

Combien de dates clés de l’Histoire de France sommes-nous capables de nous remémorer et de commenter avec précision ? Deux, trois, cinq, peut-être ? Pierre Perret a reconnu ses lacunes et nous a cité seulement deux dates : 1515 et 1789. Michel Boujenah a répondu par une  boutade : « 1963 », son année d’arrivée en France… 

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Mais, au moins, le chanteur et l’acteur se sont prêtés au jeu. Depuis de longues années, les professeurs d’histoire ne font plus apprendre, de façon systématique, la chronologie à leurs élèves. Un ouvrage collectif passionnant, titré 1515 et Les Grandes dates de l’histoire de France (Le Seuil, 19 e), tente de réhabiliter cet apprentissage. « Depuis quelques décennies, la chronologie a pratiquement cessé d’être mémorisée à l’école. De ce fait, le sens de la profondeur temporelle, les repères permettant de  s’orienter dans la lecture du passé se sont estompés », explique Alain Corbin, qui a dirigé la rédaction de l’ouvrage où cinquante historiens – parmi eux, Jean Favier, Jacques Le Goff, Pierre Nora, Michel Winock – font le point des connaissances actuelles à partir de soixante dates  essentielles de l’Histoire de France. Soixante dates, c’est peu, pour couvrir une période allant de 600 avant J.-C. à 1919 – on n’y trouvera  donc pas la date si chère à Michel Boujenah –, mais si l’on arrive à les retenir toutes, on évitera peut-être le bonnet d’âne. (…)

Dans Le Figaro en 2005, article de Mohammed Aïssaoui

Les dix romanciers français qui se vendent le plus - Palmarès 2004

« Le Figaro » établit le premier classement, toutes éditions confondues, des auteurs à succès

Aucun d’eux n’a obtenu, cette année, un prix littéraire. Et, pourtant, en termes de ventes, ce sont les plus notables des romanciers français que Le Figaro vous présente ici. De Marc Levy, le numéro un de notre palmarès, à Juliette Benzoni, la dixième, en passant par Bernard Werber, Amélie Nothomb, Fred Vargas, Anna Gavalda…, notre palmarès montre, au  moins, une chose : les Français aiment qu’on leur raconte des histoires à l’ancienne et achètent des livres ; et qu’il y a des romanciers pour combler leur désir, des romanciers qui  vendent beaucoup, comme le docteur André Soubiran et Maurice Dekobra ou, au XIXe siècle, Xavier de Montépin et Eugène Sue. L’enquête recense toutes les ventes réalisées  entre le 1er janvier et le 31 décembre 2004, prend en compte les éditions originales (dites de « grand format»), les éditions en collections de poche, dans tous les circuits de  distribution, et les éditions diffusées par les deux clubs, France Loisirs et Le Grand Livre du mois. Le résultat montre également le poids– immense – de ces auteurs à succès. A eux  dix, ils pèsent très lourd dans l’édition française. Qu’on en juge : « Ces dix auteurs réalisent 11 % des ventes en volume de la fiction moderne (soit 7,1 millions d’exemplaires vendus)  et 11 % en valeur (soit 73,6 millions d’euros de chiffre d’affaires », commente Odile Ropert, analyste « marketing livre » chez GFK France. Imaginez une maison d’édition qui  posséderait dans son écurie ces dix romanciers ! Quel rêve ! D’autant que ces auteurs ont la particularité d’être d’une fécondité régulière, de demeurer fidèles à leur éditeur et de  ne pas se poser en vedettes ! (…)

Ces dix auteurs ont vendu plus de 7 millions d’exemplaires et ont réalisé 73,6 millions d’euros de chiffre d’affaires

Marc Levy, Bernard Werber et Amélie Nothomb, le trio gagnant !

Pour établir ce classement des dix auteurs de langue française qui ont, pour la vente, le plus de succès en 2004, nous avons pris en considération les fictions, (hors la littérature jeunesse et le théâtre). Cela uniquement en France, toutes éditions confondues : c’est-à-dire les ventes de l’édition originale, ajoutées aux livres vendus en format de poche et ceux  distribués par les clubs. «Le Figaro» a enquêté auprès de tous les éditeurs pour recenser le nombre d’exemplaires vendus dans l’année – du 1er janvier au 31 décembre – pour  l’auteur désigné, y compris Le Livre de Poche, Pocket, J’ai Lu, Folio, Babel ; sans oublier France Loisirs et Le Grand Livre du Mois pour les ouvrages distribués par ces clubs. Le cabinet GFK a fourni les données confirmant le classement, avec son panel livres. C’est un panel distributeur fondé sur les ventes réelles («les sorties de caisse»). Tous les circuits  de distribution (grande distribution, librairies, grandes surfaces spécialisées culturelles, non livre, kiosques, Internet, grands magasins) sont représentés.


Le palmarès : Marc Levy  (1 520 000) – Bernard Werber (1 319 000) - Amélie Nothomb (1 237 000) - Fred Vargas (1 118 000) - Anna Gavalda (718 000) Christian Jacq (713 000) - Eric-emmanuel Schmitt (700 000) - Jean-Christophe Grangé (510 000) - Christian Signol (432 500)

Dans Le Figaro en 2006, à propos de la réédition Bartillat  « Les chemins de l’aventure » par Mohammed Aïssaoui

Juliette Benzoni n’a pas la notoriété qu’elle mérite. 

Cette pétillante dame de 84 ans a déjà séduit plus de 300 millions de lecteurs dans le monde depuis son premier roman, publié en 1963. Si elle avait été anglo-saxonne, sûr qu’on l’aurait vite baptisée « la reine du roman historique ». Mais voilà, elle est française, et la plupart des médias l’ignorent.

Dans son dernier ouvrage, elle dresse le portrait de quinze grands aventuriers. Quinze destins extraordinaires, qui ont marqué de leur passage les pages plus ou moins obscures de l’Histoire : Gilles de Rais, Mandrin, Maison-Rouge, Balafré, Spartacus, Georges Cadoual, la marquise de Brinvilliers, Miguel de Manara (plus connu sous le nom de Don Juan)…

Leur point commun ? « Quels que soient leurs motivations, leurs buts, leurs passions, ils les mènent tous à une mort violente, souvent par la main du bourreau », écrit la romancière. Lauréate du prix Alexandre-Dumas, Juliette Benzoni réussit à faire passer sa fascination pour la grande histoire en usant avec maestria des anecdotes et des faits peu connus. Elle a le souci du détail et n’a pas son pareil pour planter un décor. On sait qu’elle effectue un énorme travail de documentation. Pour le plus grand plaisir de ceux qui la lisent.

Dans Point de Vue en 2006, à propos de « Les Larmes de Marie-Antoinette« , la 4ème suite des aventures d’Aldo Morosini par Vincent Meylan

Pour la huitième fois, Juliette Benzoni ressuscite son héros favori, Aldo Morosini, prince vénitien, spécialiste en bijoux anciens, détective à ses heures et séducteur patenté. (…) Assassinats en série, exhumation de cadavre et maisons hantées, tous les ingrédients du sadisme chers à Dame Juliette sont ici réunis. De quoi vous faire passer quelques nuits blanches de bonheur.

A la radio RTL en 2007 à propos de « Le collier sacré de Montezuma« , la  5ème suite des aventures d’Aldo Morosini par Bernard Lehut

Ci-contre, la chronique avec l’interview de Juliette

RTL - Laissez-vous tenter
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Je l’ai lu d’une traite, c’est vif, enlevé, une écriture pleine de fougue. A 87 ans, Juliette Benzoni garde la pêche! Et elle a de l’énergie à revendre. La reconstitution des années trente dans le Collier sacré de Montezuma, comme dans tous ces romans, est irréprochable. Et pas de mystère, cela nécessite en amont un gros travail de documentation qui ne lui doit absolument pas peur. Juliette Benzoni est un véritable élixir de jouvence.
Voici un phénomène : la romancière française la plus lue dans le monde. Une vieille dame de 87 ans bien moins médiatisée qu’une Amélie Nothomb, par exemple. Et pourtant en 40 ans de carrière, elle a vendu 300 millions de livres et touché 50 millions de lecteurs. Elle s’appelle Juliette Benzoni.
Elle est surnommée L’Alexandre Dumas en jupons car sa passion c’est l’Histoire. Une passion qu’elle a su faire partager à son public en la transformant, telle une alchimiste de l’écriture, en de palpitantes aventures. Et ce quelque soit les époques, du Moyen-âge aux Années trente, en passant par la Renaissance ou le XVIIIème siècle!
Elle vient de publier « Le collier sacré de Montezuma », aux éditions Plon. Son cinquantième livre. Il se déroule justement dans les Années trente, une intrigue rocambolesque qui m’a fait penser à la fois à Maurice Leblanc, le créateur d’Arsène Lupin, et à Agatha Christie. En scène: deux héros récurrents de Juliette Benzoni, le prince Morosini et l’égyptologue Vidal-Pellicorne, à la recherche de leur ami antiquaire Vauxbrun. Ce dernier disparu le jour même de son mariage en même temps que le collier sacré de Montezuma, des émeraudes sublimes ayant appartenu au dernier empereur Aztèque.

Participation en 2007 à l’emission « Vol de Nuit » de PPDA lors de la sortie « Fils d’Aurore» , le 2ème tome de la série

« Le sang des Koenigsmark » 

Interview pour le site Actualité du Livre de 2007

A 87 ans, Juliette Benzoni, l’auteur du « Gerfaut » reste l’un des grands noms du roman historique français.

Actualitedulivre.com : Votre nom est indissociable du roman historique ? Combien de livres avez-vous écrit ?
J. B. : En quarante ans de carrière, j’ai écrit plus de soixante-dix livres. Je suis lue dans vingt pays, y compris en Chine. Mais je n’intéresse plus les journalistes depuis longtemps. Il est vrai que je me sens un peu atypique, du moins hors du temps et des courants. Je m’en suis aperçue en juin dernier sur le plateau de « Vol de Nuit », l’émission où PPDA m’avait invitée : au milieu de tous ces écrivains à la mode, j’ai eu l’impression d’être un fantôme qu’on aurait sorti de son placard.
ALC : Après la série des « Catherine », grande rivale d’Angélique, on vous appelait, paraît-il, la Barbara Cartland française ?
J. B. : Oui, (elle rit), mais franchement, cela m’a sacrément embêtée, car je me donnais un mal de chien pour écrire des intrigues d’une grande qualité historique. Je n’ai jamais été du genre  à écrire quatre histoires en même temps comme le faisait Barbara Cartland, mais que voulez-vous, on m’a collé une étiquette… Les gens, bien sûr, ont oublié qu’à mes débuts, j’ai travaillé avec Alain Decaux et que j’ai eu le Prix Alexandre Dumas.
ALC : Alexandre Dumas, un modèle ?
J. B. : Plus que ça, c’est un dieu pour moi. C’est d’ailleurs à cause de son influence que la plupart de mes livres se déroulent au 17ème siècle. Car le 17ème siècle, c’est d’Artagnan. C’est le premier livre que mon père m’a fait lire lorsque j’avais neuf ans. Cela a été le choc de ma vie, j’ai dévoré toute son œuvre et j’ai su, ce jour là, que moi aussi, j’écrirai des romans historiques. Même si comme lui, j’ai beaucoup tordu le cou à l’Histoire, j’espère lui avoir fait de beaux enfants. Au fond, je suis une des filles d’Alexandre Dumas.
ALC : Vous êtes une grande spécialiste des bijoux. D’ailleurs, vous les évoquez dans presque chacun de vos livres, y compris dans le dernier, « Le Collier sacré de Montezuma ».
J. B. : Oui, je suis passionnée par les pierres précieuses. D’abord parce qu’elles sont presque toutes une histoire à raconter. Au fil des siècles, elles ont toujours représenté la gloire et la puissance. On s’est entretué pour elles et au fond, derrière leur magnificence, elles sont toutes dégoulinantes de sang.
ALC : Le roman historique est un genre indémodable. Vous intéressez-vous aux jeunes auteurs d’aujourd’hui ?
J. B. : Oui, bien sûr, mais je ne les connais pas. Depuis fort longtemps, je ne vais plus ni dans les salons, ni dans les soirées. J’aime beaucoup cependant, Jean-François Parrot. Cette nouvelle mode du polar historique me passionne. Moi, je ne saurais pas faire. En règle générale, je trouve la littérature actuelle plus brutale, plus grossière… Peut-être est-ce parce que je suis d’une autre génération… Au fond, je n’aime pas ce qu’est devenu le monde. Il n’y a plus d’honneur, ni de grandeur. C’est sans doute pour cela que j’aime l’Histoire avec un grand H, parce que j’y évolue comme dans une bulle. L’Histoire me protège du temps qui passe.

Dans Le Figaro en 2007, article de Mohammed Aïssaoui

Le club français des millionnaires

AU LIEU de s’extasier sur les « reines du suspense » et autres « maîtres » anglo-saxons qui vendent des livres par millions, il faudrait parler aussi de nos romanciers ­capables de rivaliser avec les meilleurs mondiaux, et qui sont ignorés des médias, voire méprisés. Cette semaine, trois auteurs de best-sellers made in France tiennent le haut du tableau.


LES AUTEURS ET LES LIVRES. Chacun a sa spécificité.

Juliette Benzoni est notre reine du roman historique. À quatre-vingt-quatre ans, ­elle publie deux à trois livres par an… depuis 1963. Cette année, ­elle fait l’actualité avec Les Reines du faubourg (Bartillat) où elle met en lumière le destin de femmes d’origine modeste devenues des mythes (Casque d’or, Édith Piaf, la Dame aux camélias…). Et, dans son registre plus classique, le ­volume I du Sang des Koenigsmark (Perrin). (…)
Le succès. Romanciers prolixes, ils sont un peu les successeurs des feuilletonistes. Pour l’éditrice Constance de Bartillat, « Juliette Benzoni sait d’emblée en une phrase camper un décor historique, une atmosphère, faire entrer en scène les personnages… Tout en préservant la rigueur des faits ». ­Elle vend près de 400 000 exemplaires par an, dont un tiers via France Loisirs et Le Grand Livre du mois. (…)

Rdv ici pour lire l’article en entier

Dans L’Express en 2008, article de Marianne Payot

La Doyenne du Roman Historique

«Vous prendrez bien un peu de champagne? Je déteste les gens qui refusent de boire.» Quelques bulles donc, avant le sancerre rouge, en compagnie de la reine de la fresque historique. Avec ses faux airs de Bernadette Chirac, Mme Benzoni, 87 ans, dont plus de quarante-cinq d’écriture, aime la vie, tapant volontiers le carton le dimanche dans sa maison de Saint-Mandé. Ses cartes préférées? Le tarot, bien sûr, un bien beau jeu, avec rois, reines et cavaliers. Car voici longtemps que cette grande admiratrice d’Alexandre Dumas ne s’intéresse plus à la Ve République. C’est avec les siècles passés et sa mémoire phénoménale qu’elle ravit ses nombreux lecteurs (elle a vendu la bagatelle de 100 millions d’exemplaires dans le monde). 74, 75, 76… Personne ne sait, au juste, combien de livres a commis la charmante dame de Saint-Mandé, jonglant, depuis 1962, au fil de ses sagas (Catherine, Marianne, La Florentine, Le Boiteux de Varsovie, Le Sang des Koenigsmark…) avec les secrets d’Etat et d’alcôve, les guerres royales, les chevaliers au grand coeur et les mystérieux Templiers.

Dès le 8 juin, elle s’attaque à une nouvelle série, chez Perrin, consacrée à Louis XIV et à l’affaire des poisons. Et après? «Il me reste à explorer Napoléon III, le xviiie, le Moyen Age…» Bref, Juliette Benzoni n’a pas fini de prier le Saint-Esprit («Tous les matins, pour l’inspiration») et de faire une petite action de grâce («A chaque parution»).

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